Interview avec Gérard Caussimont, Président du FIEP

Pourriez-vous présenter l’activité du FIEP en quelques mots ?

Je suis Président de l’association et aussi bénévole depuis 1978. Ça fait donc 45 ans cette année !

Notre association intervient à la fois dans la protection de la biodiversité et particulièrement de l’ours brun ainsi que dans l’aide aux bergers, en facilitant le portage de matériel et la communication pour les bergers isolés en montagne.  Nous avons aussi une marque de fromage (Pé descaous) en copropriété avec une association de Bergers qui permet de développer la vente directe chez les producteurs de ce fromage traditionnel des Pyrénées.

Notre association mène par ailleurs des opérations de sensibilisation du public à la biodiversité à travers un programme d’interventions dans les écoles entre le CE1 un et le CM2, sur 4 ans, durant lesquelles nous leur faisons découvrir l’ensemble de l’écosystème pyrénéen. Nous faisons une centaine d’interventions de ce type dans des écoles des Pyrénées par an.

Enfin, afin de faciliter la communication entre les bergers et la vallée (notamment pour la sécurité, pour prévenir un vétérinaire ou avoir un conseil pour soigner une bête si besoin), depuis 1991, nous avons installé des systèmes de radiotéléphones, à l’époque sur un pylône France Télécom, qui ont été financés par nos adhérents et des mécènes privés. Ce pylône a ensuite été géré par Orange et désormais par TOTEM.

En 2019, nous avons eu besoin de remplacer le matériel et nous avons pu compter pour cela sur l’aide du Ministère de l’écologie et du Commissariat du Massif et sur le Fonds national pour l’aide au développement territorial qui permet de de financer une grande partie du fonctionnement du réseau de 22 radiotéléphones.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le système de radiotéléphonie que vous avez installé sur notre pylône ? Quels sont les bénéfices pour les bergers et leurs familles ?

Avant l’installation de nos premiers équipements radio CB en 1983, il n’y avait pas de moyen de télécommunication entre les bergers et la vallée. Ce réseau permet aujourd’hui de faciliter le portage de matériel nécessaire pour l’activité des bergers (notamment liés à l’isolement dans nos montagnes), de pouvoir prévenir des secours si besoin et de garder le lien avec leur famille lorsqu’ils sont dans les pâturages.

Ces pâturages sont situés à 1h, 2h, 3h de marche parfois de toute habitation. Les bergers passent 3 à 4 mois chaque année avec leur troupeau à traire les brebis et fabriquer du fromage. La téléphonie GSM ne passe pas partout. Les deux relais que nous avons installés sur votre pylône TOTEM nous permettent de pouvoir prévenir les secours si besoin, que ce soit pour les bergers ou les randonneurs. Une personne qui se casse une jambe ça va très vite et en montagne le risque d’hypothermie est important même l’été. Nous donnons d’ailleurs chaque année aux pompiers de la région la liste des cabanes connectées à notre réseau de téléphonie.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser il y a très peu de brebis tuées par des ours chaque année car les troupeaux sont gardés. Sur notre secteur, on a une dizaine d’ours et on doit avoir tous les ans 4 ou 5 bêtes qui sont mangées par les ours. Mais lorsque cela arrive, notre réseau radio permet aux bergers de prévenir les autorités pour qu’ils viennent constater le dommage et leur permettre d’être indemnisés par l’État par la suite. Cela permet aussi aux bergers de communiquer entre eux pour retrouver des brebis ou des chiens égarés.

Comment êtes-vous organisés pour cela ?

Nous sommes organisés dans l’association avec des astreintes (de bénévoles) pour que même les week-ends il y ait toujours quelqu’un de disponible pour intervenir si besoin. Nous avons un partenaire technicien, qui est prêt à intervenir mais dans la plupart des cas c’est à nous de nous déplacer pour récupérer le relais et lui apporter pour réparation dans son atelier de Pau. Bien sûr si cela entraîne une interruption temporaire de service, nous veillons à prévenir les familles des bergers.

Le pastoralisme exige une présence permanente des êtres humains pour la traite matin et soir, et entre les deux, assurer la fabrication du fromage. C’est pour cela qu’avoir des outils de télécommunication qui fonctionnent c’est important.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les équipements que vous avez hébergez chez TOTEM ?

Ce sont des équipements hertziens. Nous payons une redevance pour la fréquence radio que nous utilisons. Chaque poste est alimenté par des panneaux solaires.

Nous avons modernisé les équipements il y a 4 ans en passant de l’analogique au numérique. Nos équipements sont mis à la disposition des bergers gratuitement. Nous assurons pour eux la maintenance et le renouvellement des équipements actifs (changement des batteries…)

La relation que vous avez aujourd’hui avec TOTEM est héritée d’Orange, qu’est-ce qui a changé pour vous avec TOTEM ?

Cette relation est même héritée de France Télécom. Pendant des années nous avons eu une excellente relation avec France Télécom. Ils intervenaient rapidement, facilement, et ils géraient tout pour nous. Ensuite Orange a pris le relais et c’est un organisme dédié qui assurait la relation commerciale avec nous. Le pylône que nous avons aujourd’hui n’était pas celui-ci à l’époque.

Je viens de recevoir la première facture TOTEM et je ne manquerai pas de la régler rapidement car nous avons réussi à nous entendre.

TOTEM est une towerco engagée en matière de RSE, est-ce important pour vous ?

Oui c’est important car d’une certaine façon, notre action permet de contribuer à la protection de l’ours et du berger en montagne dans les Pyrénées atlantiques.